1. GANTHA et la réglementation sonore sur les festivals

GANTHA propose de vous accompagner dans la réglementation sonore liée aux festivals pour :

  • Gagner l’acceptation des communes et du voisinage en affichant que vous maîtrisez le bruit généré.
  • Vous faire découvrir l’importance de l’étude d’impact des festivals en plein air pour maîtriser les nuisances sonores et respecter la législation en vigueur.

Nous vous présentons ci-après les obligations réglementaires et deux cas où nos acousticiens sont intervenus pour étudier et optimiser ces évènements.

1.1. Festivals en plein air

Les festivals de plein air sont des événements culturels et artistiques majeurs qui rassemblent un large public. Nos acousticiens de chez GANTHA en raffolent et font même parfois partie du staff.
Toutefois, ces manifestations peuvent engendrer des nuisances sonores importantes pour le voisinage. Ainsi, la maîtrise du bruit lors de festivals de plein air est devenue un enjeu crucial pour les organisateurs, les pouvoirs publics et les riverains.
Dans cette perspective, l’étude d’impact pour les festivals en plein air joue un rôle essentiel dans la prévention et la gestion des nuisances sonores. Elle permet d’afficher l’intérêt que portent les organisateurs dans la gestion de cette nuisance pour mieux faire accepter l’évènement.

Il n’existe pas de définition légale applicable pour définir ce qu’est un festival, mais dans l’esprit du décret, les festivals regroupent les manifestations à caractère festif, organisées généralement à époque fixe et récurrente, souvent en plein air, annuellement ou non, autour d’une activité d’une durée d’un à plusieurs jours liée au spectacle, aux loisirs, au cinéma, aux arts, etc.

Réglementation en matière de prévention des risques liés au bruit et aux sons amplifiés

1.2. Quels sont les obligations réglementaires ?

La législation française encadre les nuisances sonores lors de festivals de plein air à travers le Code de la santé publique et le Code de l’environnement. L’articulation entre ces deux codes définit les obligations des organisateurs en matière de respect des valeurs limites d’émergence globale et spectrale.

Les émissions sonores ne doivent pas engendrer autour des habitations, lieux de sommeil (hôpitaux, EHPAD, etc.) ou occupés par des tiers, un dépassement des valeurs limites de l’émergence spectrale de 5 à 7 dB(A) dans les octaves normalisées de 125 hertz à 4 kHz ainsi qu’un dépassement de l’émergence globale de 3 dB(A) en période nocturne.

1.3. Étude d’Impact sur le Niveau Sonore (EINS)

Même s’ils ne sont que récurrents (au sens de non habituels), les festivals impliquant la diffusion de sons amplifiés à des niveaux sonores élevés sont soumis à des obligations en matière de protection de l’audition du public et doivent produire une Étude d’Impact sur le Niveau Sonore (EINS).

Pour les festivals, les obligations sont les suivantes :

  • Limiter les émissions sonores en tout point accessible au public (en dB(A) et en dB(C))
  • Enregistrer les niveaux sonores et pouvoir les conserver (si plus du 300 spectateurs)
  • Disposer un affichage des niveaux sonores visible par le public (si plus du 300 spectateurs)
  • Mettre à disposition du public des informations sur les risques auditifs, avec un stand de prévention par exemple
    Mettre gratuitement à la disposition du public des protections auditives individuelles
  • Créer des zones de repos auditif ou des périodes de repos auditif dont le niveau sonore est inférieur à 80 dB(A)
  • Respecter des critères d’émergence pour tous les riverains
  • Posséder une EINS à jour.

Il est fortement recommandé d’encourager toute démarche d’affichage clair, significatif, visible par tous et en continu des niveaux de pression sonore auxquels le public est exposé et de faire de la pédagogie sur cet affichage, même dans les lieux qui ne sont pas soumis à cette obligation. Cela vaut également pour l’enregistrement.

1.4. Concrètement, comment évaluer l’impact sonore au voisinage ?

L’étude d’impact permet d’évaluer l’impact des émissions sonores sur le voisinage et de mettre en place des mesures adaptées pour limiter les nuisances.
Ce diagnostic prend en compte les caractéristiques acoustiques du site, la localisation des scènes et des zones de diffusion sonore, la programmation artistique, ainsi que les périodes et horaires de diffusion.

L’Etat sonore initial

Avant le démarrage du festival les intervenants de GANTHA viennent sur site et posent un ou plusieurs sonomètres au voisinage.

La première étape consiste à réaliser une étude approfondie du site, en identifiant les zones habitées à plusieurs kilomètres à la ronde et en déterminant les habitations les plus exposées au bruit. Il est important de repérer les zones où le son pourra être diffusé sans causer de gêne et d’évaluer les riverains potentiellement perturbés en fonction de la direction de diffusion.
L’objectif est de caractériser les niveaux sonores en l’absence de la diffusion de musique, dans une situation habituelle. Les capteurs peuvent être posés pendant plusieurs heures, idéalement toute une nuit pour correctement prendre en compte la situation nocturne du site.

Photos de sonomètres au voisinage

Comment évaluer l’impact de la musique ?

Deux cas de figure se posent alors :

  • L’organisateur est en mesure de fournir les spécifications de l’ensemble de la chaine de diffusion : on procède grâce à la modélisation.
  • Les éléments du système de diffusion ne sont pas connus : il faut attendre l’installation du système pour faire les mesures en conditions réelles.
Par la modélisation :

L’acousticien réalise un modèle 3D de la zone. Ce modèle permet d’évaluer la propagation des sources de bruit vers les riverains les plus proches. Les sources de bruit, les installations temporaires, les réglages du système de diffusion sont insérés dans le modèle.
Le logiciel cartographie ensuite les niveaux sonores et il est possible de visualiser les niveaux sonores directement aux points récepteurs.
Avantages : on agit de manière pro-active et l’on peut ajuster les niveaux d’émission et travailler sur la directivité du système en amont de l’événement. Le sonorisateur peut ajuster le matériel qu’il va louer pour son installation.
Inconvénients : tous les paramètres et hypothèses doivent être connus, figés et transmis avant le festival.

Exemple de modélisation de l’impact sonore d’un festival par GANTHA

Exemple de modélisation de l’impact sonore d’un festival par GANTHA

Par la mesure

Si le budget le permet, le mieux est de louer un système de sonorisation provisoire quelques mois avant l’échéance et de faire des essais en conditions simulées. Cette étape peut également se faire à l’aide d’une source omnidirectionnelle de grande taille avec des signaux de type sweep.
Sinon, directement la veille de l’événement, l’opérateur de GANTHA se place au voisinage avec un sonomètre et enregistre les niveaux sonores pendant des séquences d’émission. Il réalise plusieurs itérations : 30 secondes de musique live puis 2 minutes de silence.
Une fois que l’on a réitéré suffisamment de séquences, les résultats de mesures sont directement comparés aux seuils d’émergence de la réglementation.
Avantages : on connait directement les niveaux sonores et l’effet des réglages est immédiatement constaté.
Inconvénients : la vérification se fait une fois le système installé, à quelques heures du festival. Il est souvent trop tard pour corriger le hardware si le défaut est trop important.

Vue 3D du système de sonorisation utilisé pour le festival Rio Loco - Logiciel ArrayCalcVue 3D du système de sonorisation utilisé pour le festival Rio Loco – Logiciel ArrayCalc

Niveau sonore admissible en tout point accessible au public

Le décret du 7 août 2017 a introduit une limitation des niveaux sonores à 102 dB(A) (LAeq,15 min) et 118 dBC (LCeq,15 min) en tout point accessible au public (94 dB(A) et 104 dB(C) pour les activités dédiées aux enfants de moins de 7 ans).
Pendant le festival, l’opérateur se déplace aux abords de la scène et des différents points de diffusion et s’assure que les niveaux sonores respectent ces seuils.

1.5. Quelles solutions ?

Une fois les niveaux sonores évalués, l’étude d’impact identifie les mesures à mettre en place pour respecter les valeurs limites d’émergence globale et spectrale. Ces mesures peuvent inclure l’orientation et l’inclinaison des enceintes, la limitation de la puissance sonore, le déplacement de la scène, la mise en place d’un masque sonore, etc.

Orienter la ou les scènes vers les zones les moins sensibles

Une analyse préalable du site et des enjeux par un acousticien permet aux organisateurs et aux représentants de la commune de décider ensemble quelle serait la meilleure disposition pour que le spectacle engendre le moins de nuisance possible.

Le niveau sonore est le plus important dans l’axe de la scène, en particulier vers l’avant de la scène. Il convient donc d’orienter si possible la scène pour que les zones sensibles soient sur les côtés de cet axe.

Les bâtiments autour peuvent également faire office de masque sonore en protégeant les habitations situées derrière. Mais attention, une partie du son est renvoyée par l’obstacle, ce qui peut engendrer un effet d’écho, de réflexion ou encore de canal de bruit. Dans le pire des cas, le bruit est réfléchi vers une zone sensible !

L’expert acousticien détectera facilement ces phénomènes en se déplaçant sur site lors des essais.
Exemple d’un enregistrement audio pendant un concert – enregistrement au voisinage (sans aucune normalisation du signal). :

On note l’omniprésence des basses fréquences dans le signal enregistré – particulièrement audible au voisinage même situé à plusieurs centaines de mètre en arrière de la scène.

Jouer sur la directivité des sources

À partir d’une certaine distance à la scène, ce sont principalement les basses fréquences qui sont les plus gênantes.
Les configurations de subwoofers en cardioïde permettent de minimiser la gêne perçue par le voisinage à grande distance et de résoudre les problèmes de surexposition du public aux premiers rangs. Les principes d’optimisation des systèmes de sonorisation font appel à des principes bien connus des experts de la sonorisation et sont compatibles avec la plupart des appareils disponibles sur le marché.

Exemple de modélisation de l’impact sonore d’un festival par GANTHA

Exemple de directivité pour le système SB15m SUBWOOFER de L-Acoustics

La directivité d’un haut-parleur est sa capacité à émettre de manière préférentielle un son dans une direction déterminée. Pour les basses fréquences, c’est l’assemblage de plusieurs subs qui crée la directivité. Les trois principaux paramètres auxquels il est fait appel dans une configuration cardioïde de subs sont le décalage de phase entre deux ondes de même fréquence et de même niveau, la différence de niveau entre le son direct et le son réfléchi, et le décalage temporel (delay) entre deux subs.

Toutefois, les montages de subs à réponse cardioïde nécessitent une surveillance accrue pour maintenir leur efficacité et un changement de réglage le jour J peut parfois avoir de lourdes conséquences.

Jouer la carte de la transparence

Pour favoriser l’acceptation d’un événement par le voisinage, il est crucial que l’organisateur fasse preuve de transparence et de communication. Il est recommandé d’informer les riverains en amont de l’événement, en leur fournissant des détails sur la date, l’heure, la durée et le type d’événement. Il est également important de les rassurer sur les mesures prises pour minimiser l’impact sonore, telles que l’utilisation de configurations de subwoofers en cardioïde pour réduire la propagation des basses fréquences et le respect des normes de bruit en vigueur.

En outre, la distribution de places gratuites aux riverains peut contribuer à renforcer la confiance et la collaboration entre les parties prenantes. Il est également recommandé de mettre à disposition des riverains un numéro de téléphone pour signaler les abus, sans avoir à se déplacer en pleine nuit. Bien que certains puissent en abuser, il est préférable de gérer les situations immédiatement plutôt que de laisser les riverains se tourner vers l’administration.
En somme, une communication ouverte et transparente de la part de l’organisateur, ainsi que des mesures concrètes pour réduire l’impact sonore et impliquer les riverains, peuvent aider à prévenir les conflits et à favoriser une coexistence harmonieuse entre l’événement et le voisinage.

directivité des sources sonores

2. Concerts a Bordeaux

La Ville de Bordeaux est confrontée à des problèmes récurrents liés aux événements de musique amplifiée en plein air, en particulier la musique électronique, en raison de la complexité de la réglementation et du manque de contrôle sur les organisateurs

réglementation sonore festival bordeaux acoustique

Scare Dom Bedos quelques heures avant le festival

Pour y remédier, la ville a sélectionné deux sites à fort enjeu, le Square Dom Bedos et le Parc aux Angéliques Quai Deschamps, pour réaliser un diagnostic des nuisances sonores et proposer des préconisations aux organisateurs d’événements pour limiter les nuisances chez les riverains.
Des mesures acoustiques ont été réalisées par GANTHA lors d’événements caractéristiques sur ces sites, avec un double objectif :

  • vérifier le respect de la réglementation
  • mesurer des niveaux de référence pour calibrer les niveaux d’émission des sources sonores pour la phase de simulation réalisée par le CSTB.

Nos acousticiens ont conçu et paramétré un modèle de simulation pour chaque site afin d’extrapoler l’impact acoustique des événements festifs à l’échelle de l’ensemble du quartier et de prédire l’impact acoustique de différentes solutions d’amélioration.

sonorisation festival bordeaux

Vue de face de la sonorisation mise en place pour le festival au Quai Deschamps

Pour réduire l’impact acoustique de ces festivals en milieu urbain, il est proposé la mise en place des solutions suivantes :

  • En priorité, le contrôle de la directivité des subwoofers,
  • L’orientation de la scène pour diminuer le nombre de riverains impactés,
  • La limitation et l’affichage des niveaux sonores.

Le contrôle de la directivité des subwoofers est la mesure la plus importante. Cette mesure nécessite du temps et du personnel qualifié, mais elle permet de réduire les nuisances pour les riverains sans diminuer le niveau sonore perçu par les spectateurs. Il n’y a donc aucune dégradation de la performance artistique.

sonorisation festival bordeaux

Illustration de l’effet des configurations ENDFIRE, LINE et LINE/ENDFIRE combinés sur la directivité à 63Hz d’un setup simple de 4 subwoofers maximum.

La configuration des subwoofers pour contrôler leur directivité est une étape délicate qui doit être vérifiée par une mesure sur site. Les configurations de type LINE/ENDFIRE permettent un bon contrôle de la directivité, mais nécessitent un emplacement assez conséquent devant la scène. Si cet encombrement est jugé trop important, les experts de la sonorisation recommandent d’utiliser des subwoofers cardioïdes configurés en LINE devant la scène ou suspendus sur les structures scéniques entre les deux Line Arrays.
L’installation des subwoofers sur les structures scéniques en hauteur présente un double avantage pour l’exploitant : un gain de place devant la scène et l’éloignement des subwoofers de la zone du public, ce qui permet d’éviter les niveaux d’exposition « extrêmes » pour les spectateurs les plus proches de la scène et de respecter la réglementation relative au seuil d’exposition sonore des spectateurs.
Ces préconisations ont été inscrites dans le cahier des charges que remet la Ville de Bordeaux aux organisateurs d’événements. Ces prescriptions permettent de mieux encadrer les nuisances et de diminuer les effets sur le voisinage.

3. CONCLUSION

En conclusion, la maîtrise des nuisances sonores lors de festivals de plein air est un enjeu majeur pour préserver la festivité tout en garantissant une meilleure acceptabilité de ces nuisances.
La réalisation d’une étude d’impact festival plein air est essentielle pour évaluer les émissions sonores, identifier les mesures à mettre en place et assurer le respect de la législation en vigueur.

En associant étroitement les organisateurs, l’équipe de techniciens du son, les acousticiens, les pouvoirs publics et les riverains, il est possible de concilier la réussite des festivals avec une meilleure acceptation de la part des riverains.
Il reste néanmoins très contraignant de satisfaire parfaitement toutes les attentes des EINS, surtout en termes d’émergence au voisinage. C’est la raison pour laquelle GANTHA vous soutient dans cette approche, que nous considérons comme une démarche d’amélioration continue d’année en année, visant à atteindre une situation satisfaisante pour toutes les parties prenantes.
Prenez contact avec l’un de nos acousticiens

Photo de Antoine J. et Aranxa Esteve sur Unsplash

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