Modifier radicalement nos pratiques constructives à travers le prisme bas-carbone
Exemple de logements étudiants utilisant exclusivement le béton armé (planchers, façades, distribution intérieure) réalisé en 2022.
Au sommaire
- Matériaux biosourcés, recyclés et réemployés : le grand saut !
- Construction en bois et structures légères : la prise en compte des basses fréquences
- Perméabilité, confort d’été et qualité de l’air : des contraintes acoustiques
- Un processus de conception collaboratif et itératif
- Les absents : bruit et biodiversité, îlot de chaleur
- Conclusion
Matériaux biosourcés, recyclés et réemployés : le grand saut !
Exemple de plaques en argile, la PLAK’ARGILUS permet de construire sainement son habitat avec un matériau 100% recyclable et compostable.
Les isolants biosourcés sont aujourd’hui bien documentés par leurs fabricants : laines de bois, textiles recyclés, laine de chanvre, briques de terre compressées, paille, etc. Les propriétés acoustiques de ces matériaux sont relativement proches des matériaux traditionnels.
Lorsqu’il s’agit de proposer des matériaux réemployés, il subsiste un frein dû au manque d’information concernant l’origine des matériaux. La prise en compte de l’impact carbone dans le calcul du cycle de vie favorise l’utilisation de ces matériaux pour réduire l’impact carbone par rapport à des produits neufs.
Cependant, le manque d’informations certifiées constitue un obstacle, surtout dans les projets recevant du public dans lesquels la qualité de l’air, la protection incendie ou encore la pérennité des ouvrages doit être méticuleusement justifiée auprès des organismes de contrôle.
Les actions collectives de la filière bois montrent l’exemple, mais le manque d’information standardisée (étiquetage, règles de bonnes pratiques) nécessite souvent des approches de tests sur locaux témoins. Consultez notre article sur les matériaux biosourcés ou encore l’usage de la paille dans la construction.
Construction en bois et structures légères : la prise en compte des basses fréquences
Avec la croissance du marché de la construction bois, accentuée par la RE2020, les groupes de travail acoustiques (Adivbois, AQC, etc). se sont penchés sur la question de la réglementation. La démocratisation des constructions légères impose une concertation entre acousticiens et fabricants afin de garantir des performances acoustiques optimales – sans multiplier les couches ni trop épaissir les complexes.
Les solutions existent mais nécessitent une excellente coordination entre tous les métiers.
Selon notre retour d’expérience et ceux de nos confrères acousticiens, la réglementation acoustique devrait mieux prendre en considération les basses fréquences, notamment dans les logements collectifs. Les bruits de chocs sur ces planchers en bois peuvent parfois être plus gênant que dans les ouvrages maçonnés. Certains labels couvrent cette problématique mais la NRA (Nouvelle Réglementation Acoustique) de 1999 n’est pas au diapason.
À ce jour, GANTHA a réalisé un grand nombre d’opération utilisant le bois (CLT, caissons, solives, etc.) et la paille comme isolant. De nouvelles solutions émergent régulièrement et nos ingénieurs maintiennent une écoute attentive sur les évolutions : partenariats avec MOE la filiale Danoise du Groupe, essais in-situ, retour systématique d’expérience sur les planchers bois, etc
Exemple d’une bonne exécution : rebouchages soignés autour d’une structure en bois.
Perméabilité, confort d’été et qualité de l’air : des contraintes acoustiques
La RE2020 est axée sur la décarbonisation, réduisant drastiquement la dépendance aux énergies fossiles, généralisant le 100% électrique.
L’étanchéité de l’enveloppe est également renforcée, ce qui nécessite l’installation d’un système de ventilation mécanique contrôlé. Dans la grande majorité des projets, ces systèmes s’accompagnent d’une pompe à chaleur comme système de production de chaleur (chauffage et eau chaude sanitaire).
Comme évoqué dans notre article Pompes à chaleur : accompagnement par un expert acousticien, la vérification des nuisances acoustiques est primordiale pour garantir le respect et la réglementation et éviter toute plaintes du voisinage lors de la première mise en service.
Les défis acoustiques liés à ces équipements nécessitent une collaboration étroite entre acousticiens, architectes, ingénieurs CVC mais aussi avec les fabricants et installateurs pour préconiser la solution la plus efficaces selon les caractéristiques et l’environnement du projet.
Exemple d’un équipement de CVC sans traitement acoustique
Un processus de conception collaboratif et itératif
La RE2020 complexifie le processus de conception, exigeant une collaboration dès le départ entre tous les spécialistes, y compris l’acousticien. La conception collaborative, avec itération d’un bilan carbone à chaque étape, permet de détecter rapidement les obstacles et d’optimiser les coûts.
Les études plus approfondies et la nécessité de réitérer les calculs à plusieurs reprises nécessite une implication plus importante des BET, pour garantir in-fine une ingénierie innovante et de qualité.
Exemple de solution au salon Woodrise de Bordeaux 2023 – CDM Stravitec
Les absents : bruit et biodiversité, îlot de chaleur
Bien que la RE2020 se concentre sur l’énergie et le bilan carbone, d’autres aspects environnementaux cruciaux, tels que la gestion des ilots de chaleur et la préservation de la biodiversité, mériteraient d’être abordés dans ce nouveau texte.
Visite du quartier GINKO en construction à Bordeaux Lac en 2019 – Le béton est essentiellement utilisé
En témoigne notre participation au marché de prise en compte du sonore dans les Politiques Publiques, ces aspects restent non couverts par cette nouvelle réglementation. La pollution sonore affecte la biodiversité, soulignant l’importance de préserver des zones de calme dans les projets d’urbanisation et immobilier.
Consulter le dossier complet sur la RE 2020
En conclusion
La RE2020 constitue une avancée majeure dans la lutte contre le dérèglement climatique en s’attaquant au bilan carbone et au cycle de vie des bâtiments. Bien que non spécifiquement mentionné dans le texte, l’adoption de nouveaux matériaux impose une étude approfondie pour garantir le confort acoustique. Une attention particulière doit être portée aux pompes à chaleur installées en extérieurs, elles peuvent engendrer une gêne au voisinage.
Sources : Cet article reprend des éléments de la publication des membres du GIAC sur le site Construction 21 RE2020 Perspectives acoustiques.