Acousticien à Paris, Yoan Eusèbe est responsable de l’agence Gantha de Saint-Ouen. Mélomane et passionné par son métier, il nous livre quelques anecdotes et revient sur les projets qui ont marqué son parcours professionnel.
Bonjour Yoan, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
J’ai grandi dans le sud de la France, près de Perpignan, puis j’ai déménagé successivement dans le Gard, à Toulouse et enfin au Mans pour intégrer respectivement un BTS en Technique Physique pour l’Industrie et le Laboratoire, une classe préparatoire ATS, et l’école d’ingénieurs du Mans avec une spécialisation en Vibration et Acoustique. En fin de Master j’ai réalisé mon stage ingénieur en bureau d’études acoustiques et suis désormais ingénieur Acousticien, responsable de l’agence GANTHA à Paris.
Qu’est ce qui t’a donné envie de devenir acousticien ?
Je dirais que c’est la combinaison de deux facteurs. Premièrement, un attrait pour la Physique de manière générale qui s’est ensuite mué en fascination pour des phénomènes physiques tels que les interférences constructives ou destructives, la mise en résonance, ou encore l’incidence de la géométrie d’un volume sur une onde que j’ai pu découvrir en optique et retrouver en acoustique.
Deuxièmement et comme une majorité d’acousticiens, une passion prononcée pour la musique, que ce soit par le chant, la pratique d’un instrument ou encore la communion ressentie lorsque la foule d’une salle de concert vibre au rythme de ce qui se passe sur scène.
Quel est ton lien avec la culture et la musique en général ?
Je trouve que la musique est un vecteur d’émotion magnifique. Elle peut toucher tout le monde quel que soit l’âge, la culture ou la classe sociale et c’est dans cette universalité que je trouve une certaine beauté. Quelques notes peuvent suffire à nous replonger dans un souvenir fort, qu’il soit triste ou joyeux, et nous permet de vivre ou revivre des moments intenses et c’est à mon sens le but de la culture : de susciter des émotions.
Une anecdote ?
Mesurer une durée de réverbération de 7 secondes dans la Salle Modulable (coque vide) de l’Opéra Bastille à Paris. Faire un diagnostic dans la chambre d’une famille ayant été reçue, photos à l’appui, par la Reine Elisabeth et le Prince Charles. Découvrir par hasard une véranda immense et symétrique dans un Théâtre en Allemagne qui focalise en son centre à la fois la résonance des basses fréquences et le fléchissement de la dalle de plancher.
Quelles missions t’a-t-on confié ? Es-tu l’interlocuteur privilégié ?
Je suis responsable de l’agence GANTHA à Paris et nos bureaux sont dans les locaux du groupe ARTELIA à Saint-Ouen-sur-Seine. Nous accompagnons nos clients situés en Région Île-de-France.
Je suis en charge du suivi des missions, du suivi commercial et de la vie de l’agence. Je suis l’interlocuteur privilégié sur une majorité des projets en cours et coordonne les prescriptions en lien avec les architectes que nous accompagnons et nos partenaires des lots techniques.
Quel sens donnes-tu à ton métier ?
J’aime à croire que notre métier a une vraie incidence positive sur le quotidien des occupants en leur permettant de mieux dormir la nuit, de mieux apprendre à l’école, d’offrir des espaces confortables dans les bureaux et de d’accompagner les malades dans de bonnes conditions dans les établissements de santé et EHPAD notamment.
Quel est la réalisation dont tu es le plus fier ?
Il s’agit d’anciens locaux tertiaires d’une banque situés quai Charles Pasqua à Levallois (92). Ce fut mon premier projet suivi du diagnostic à la réception et il m’a permis de découvrir l’ensemble du spectre des aspects techniques et organisationnels du métier. Il a été pour moi l’un des plus formateurs : j’y ai rencontré des partenaires fiables, j’ai beaucoup appris sur les certifications HQE, BREEAM ainsi que sur les écueils à anticiper sur les chantiers de rénovation lourde (transmissions par la façade et les nez de dalles, isolements en double traversé pour l’aménagement Preneur…). L’ensemble des objectifs visés ont pu être atteints et ce bâtiment héberge aujourd’hui le siège social de Doctolib.
En tant qu’acousticien, on a souvent le privilège de visiter des endroits insolites, surtout à Paris !
C’est peu dire ! Les mesures acoustiques demandent des niveaux de bruit les plus faibles possibles, voire le silence absolu. Pour cette raison,beaucoup de campagnes de mesure sont programmées la nuit lorsque les perturbations liées à l’activité sont les plus faibles.
J’ai eu la chance de passer seul des nuits entières quasiment seul dans l’Opéra Bastille de Paris à l’occasion de plusieurs campagnes de mesures. Je me suis senti privilégié d’être l’unique spectateur dans un lieu si particulier.
J’ai également pu réaliser plusieurs campagnes dans des lieux tels que l’Hôtel particulier Lambert situé dans le IVe arrondissement où j’ai pu admirer la galerie d’Hercule ou encore participer à la réception de l’Hôtel de l’Artillerie (couvent des Jacobins de la rue Saint-Dominique) dans le VIIe qui abrite aujourd’hui le campus de Science Po.