La crise sanitaire que nous traversons et les mesures de confinement qui l’ont accompagné auraient-elles modifié notre perception du bruit ? C’est ce que montrent les premiers résultats d’une enquête menée par le Centre d’Information pour le Bruit (CidB) en juillet 2020. Si cette période de “redécouverte du silence” a profité à la santé d’une majorité de Français, il semblerait qu’elle les ait aussi rendus plus sensibles au bruit qu’auparavant.

Une évolution de la perception de notre environnement sonore

L’intensité des bruits liés à l’activité humaine (transport, activité professionnelle) a enregistré une forte baisse pendant la période de confinement. Cette diminution s’est souvent opérée au profit de sources de bruit d’habitude masquées par le fond sonore continu de l’activité.

L’étude révèle ainsi qu’une majeure partie des sondés ont ressenti des effets bénéfiques sur leur santé. Parmi les résultats les plus significatifs, on retiendra que :

  • 76% des répondants observent une réduction de la gêne due aux bruits extérieurs (transports, activités économiques),
  • 45% d’entre eux notent une diminution de la fatigue,
  • 40% observent l’amélioration de la qualité de leur sommeil,
  • 40%  ressentent une augmentation de la concentration,
  • et 25% ressentent une baisse de l’énervement.

On notera par ailleurs que 57 % des personnes interrogées s’estiment aujourd’hui encore plus sensibles à la qualité de leur environnement sonore.

Une absence de bruit qui révèle ses méfaits

Les conséquences du bruit sur la santé sont connues. Mais si on admet largement que l’excès de bruit peut avoir des conséquences importantes sur l’audition selon le degré d’exposition, cette enquête nous rappelle que les effets extra-auditifs quant à eux restent encore sous-estimés.

Ces effets qui se manifestent lors d’expositions chroniques ou répétées à des niveaux sonores beaucoup plus faibles sont de natures diverses. Ils relèvent d’abord d’effets dits subjectifs souvent caractérisés par une gêne provoquée par un facteur de l’environnement dont l’individu reconnaît ou imagine le pouvoir d’affecter sa santé. Ils se traduisent également par des effets objectifs et mesurables selon des critères applicables à tous les individus :

  • effets sur le sommeil
  • effets sur le système endocrinien
  • effets sur le système cardio-vasculaire
  • effets sur le système immunitaire
  • effets sur la cognition
  • effets psychologiques.

Sensibiliser aux enjeux du bruit dans la société

Insomnie, stress, troubles de l’attention, fatigue… Les études récentes montrent que les populations concernées par le bruit et ses effets vont bien au-delà des personnes âgées sujettes aux troubles auditifs.

On sait aujourd’hui l’impact de l’écoute de musiques amplifiées chez les jeunes adultes ou celui du bruit en milieu scolaire chez les très jeunes enfants. 71% de ces derniers ressentent une gêne due aux bruits à l’école. On attribue par ailleurs aux nuisances sonores 20% des décrochages scolaires.

À l’école, dans les transports en commun, auprès des pouvoirs publics, l’éducation et la communication doivent continuer à influencer nos décisions en faveur de l’amélioration de notre environnement sonore.

La voie réglementaire pour agir sur les nuisances sonores

Malgré les programmes de sensibilisation, nécessaires à la prise en compte de l’environnement sonore, il n’est pas toujours possible d’agir par le biais de projets pédagogiques. Les effets négatifs du bruit impliquent également de remettre la réglementation au centre des préoccupations.

Certains aspects liés à la structure des bâtiments par exemple nécessitent des travaux conséquents du ressort de professionnels qualifiés. Malgré l’avancée du cadre législatif relatif à la prise en compte de l’acoustique, certains chapitres réglementaires méritent encore d’être améliorés. Les établissements de la petite enfance en sont peut-être la plus urgente illustration.

La perspective de nouveaux paysages sonores

Si les nouveaux paysages sonores de cette période de confinement ont permis de mettre en relief les effets négatifs du bruit, ils ont également joué un rôle important dans notre prise de conscience. À l’instar de notre impact sur l’environnement, il apparaît désormais qu’un autre environnement sonore est possible.